La Seconde Réalité: Note de chevet
Je suis allongé sur le divan trop epais de mon
psychanaliste, et je m’enfonce petit a petit tandis que la chaleur de mon corps
ramollit le molletons sous mes soixante dix kilo. Je suppose qu’il m’ecoute,
mais rien ne me viens alors que je suis la, etalé de tout mon long comme un
corps dans une morgue, prêt a etre enteré, peut etre meme ouvert, pour
retrouver quelque balle et un morceau de verre. Je me redresse et m’assied sur
le divan, de travers. Je jete un œil au psy, et je crois qu’il n’as meme pas
fait attention a mon geste. J’avait souvent entendu parler qu’une relation de
confiance doit s’etablir entre le psy et son patient. La, je me sent plus comme
un client. Juste a cette pensée, il me regarde droit dans le yeux, l’air
etonné :
-Je vous ecoute vous savez, ne soyez pas timide…Il a une
voix tres profonde, j’ai l’impression qu’il y a de l’echo dans ses paroles,
mais non, c’est juste la profondeur de son ton. Je le regarde attentivement
mais tres rapidement. Ile st tres beau. Il est noir, et vraiment tres sombre,
son regard blanc eclaire tout le reste de son visage et lui donne une force
illusoire. Derriere ses lunettes a bord épais, mon psy me fixe, puis regarde un
instant par la fenetre, tres rapidement. Qu’as t’il vu, personne ne le saura
surement jamais. A part lui, et son psy. Et je ne pense pas que mon psy se
fasse psychanalyser. Il s’appelle Felix Raisonné. Je murmure :
-Je ne sais pas trop par ou commencer…
-Et bien…que faisiez vous a Paris « ce jour
la ». Il est gentil ce psy, il sait que la simple evocation de la date ne
plait pas, alors il evite.
-Je..j’etait a Paris pour voir de la famille. Ma fille.
Je devais lui faire une surprise. Elle été partie depuis un certain temps de la
maison et..
-Quel age avait votre fille ?
-Dix-sept ans, a peine. Mais elle etait tres mure pour
son age.
-Une surdouée ? Etudiante a cet age, c’est rare de
nos jour.
-Oh, non non, elle n’etait pas etudiante. Elle était
Volontaire. Vous savez…
-Je sais oui…Vous pratiquez ?
-J’ai essayé, justement, j’y reviens. Donc ma fille etait
montée a Paris, pour aider a organiser le meeting des Volontaire, apres le
salon de l’Agriculture, « ce jour la ». Je tousse toujours un peu,
presque une habitude, quand je parle de ce jour. Je repris. Elle avait
decouvert tout ca au lycée, et elle était assez emballée. Nous ne nous
inquitions pas avec sa mere, car elle avait toujours eu du mal a se faire des
amis, elle étiat tres timide, alors la voir avec tout ses gens, parler devant
tout le monde, faire des discours, ca nous faisait vraiment tres plaisir.
-Vous avex rencontré d’autre parents de Volontaire ?
-Non, j’aurais bien aimé c’est vrai, mais vous savez ce
que c’est, je me met tout juste a utiliser Internet, alors de la a controller
la réalité, j’ai encore un peu de mal a réliser. Et vous savez comme ca marche…
-Oui… « Il ne faut pas y croire, il faut savoir
qu’on peut le faire »
-« Il ne faut pas y croire, il faut savoir qu’on peut le
faire ». J’avait dit la phrase en meme temps que lui, et un petit rire de
sa part me surpris. Moi, je n’etait pas vraiment d’humeur a sourire. Je repris.
C’est elle qui a pondu ce slogan vous savez, pour vous dire comme je suis fier.
-Que fait elle aujourd’hui, votre fille ?
-Ohla…Je ne sais pas trop. Elle a perdue une de ses amies
« ce jour la » et ensuite, elle est partie au quatre coin du monde,
comme un peu tout les Volontaire a ce moment la. Pour réequilibrer le monde
apres la fin des Etats Unis.
-Oui, ce furent six mois incroyable.
-Je crois que c’est ce qui a convaincu le monde…Il ont
reussi ce que tout le monde pensait impossible, mais vraiment impossible. Il
ont retabli une economie stable, ils ont evité une guerre mondiale, et au
passage il ont reglés quelque probleme de faim dans le monde et de maladie. Et
meme apres cela…Pensez, nous avons craint le SIDA, les cancers, nous qui avons
donné pour Handicap International. Et pourtant, il reste tant a faire, eux meme
le disent…
-Revenons a votre fille.
-Ah oui…Je l’ai vu a Noel dernier, elle a annoncée qu’elle
attendait un enfant, mais elle n’as jamais voulu dire qui etait le pere. Un
suedois, qu’elle aurait rencontré pendant ses voyages. La petite doit etre née
d’ailleurs, a l’heure qu’il est…On a un peu perdu le contact, comme tout le
monde…Je suis un peu perdu j’dois dire…
-Comme tout le monde…J’ai moi-même des amis qui ont vu
leurs deux enfant partir la bas, et ils n’ont plus de nouvelles. Une carte pour
les fetes et voila…Il faut vous rendre compte que..
-Je me ernd tres bien compte..Je lui coupais la parole.
Je sais que ca as été une revolution sans precedent. Je sais tres bien que nous
avons encore plus a decouvrir en nous meme que dans l’espace. Mais ma fille me
manque, comprenez le. Je n’ai jamais eu beaucoup de famille et a aprt ma femme
et ma fille, je n’ai pas grand monde avec qui feter Noel, et encore moins boire
un coup le week end. J’ai peu d’amis, peu de collegue.
-Vous etes ecrivain c’est ca ?
-Redacteur, j’ecrit des edito pour plusieurs journaux
tres specialisé, chasse au tresors, ufologie et tout ca. C’est une ville
passion chez moi.
-Je vois…Et votre femme, comment prend elle tout
ca ?
-Elle prend ca tres bien. L’expression « prend
ca » sonanit faux pour moi. Je toussa pour cacher cet instant de reflexion
innopiné. Elle a beaucoup aimé le fait d’etre grand mere, et elle appelle
souvent ma fille pour prendre des nouvelles. Mais comme ma fille voyage
beaucoup, on n’est pas tres au courant. Au niveau de la volonté, elle arrive a
quelque chose en cuisine, mais pas grand-chose. Pourtant elle tiens ma maison
en ordre, et je me doute que la volonté a y voir un peu. Elle s’en sait
capable, alors pourquoi s’en priver. Moi-même j’arrive a laver ma voiture, vous
imaginez ca.
-Oui, j’imagine tres bien.
-Un jour il vous faut un sceau, du detergent et une des
heures de brossages, et la lendemain, vous decollez la crasse la plus
incrustées d’une seul coup d’œil. J’ai encore du mal a y croire.
-Revenons a Paris…
-Bien…J’etait a Paris pour voir ma fille apres le
meeting. J’etait allé faire un tour en milieu d’apres midi, mais je ne l’ai pas
vu. Elle devait etre tres occupée, j’en suis certain. Et puis, je ne l’avais
meme pas prevenue que je viendrai.
-Racontez moi votre journée…enfin, apres votre depart du
meeting.
-Et bien…Je suis ressorti un peu depité, je suis allé
prendre un truc dans un fast food et j’ai ecumé les bouquiniste au hasard, pour
trouver quelque ouvrages amusants. Mais aussi pour mon travail. Et en debut de
soirée, vers dix-neuf heure, je me suis mis en route vers le meeting, en metro.
Et apres tout est flou.
-Quelle ligne ?
-Pas la cinq, ni la 11, malheureusement. J’ai tout pris.
Ca devait etre la 12, je crois. Bref, je fais partie de ceux que l’explosion a
piegé dans le metro.
-Vous vous en etes sorti.
-Des fois, je me demande comment. Ca me parait
impossible. Ce fut un tel chaos apres, tout le monde courait partout, il
pleuvait du sang, il y avait de la boue rougeatre qui degoulinait des murs, des
gens qui pendant au fenetre, de temps en temps une explosion.
-Je n’y était pas, ca a du etre terrible…
-C’est un tableau de cauchemar. Je suis sortie du metro
par un tunnel de secours et j’ai tout de suite pensé a ma fille. Puis a ma
femme. Je vous dit, aucun de ses souvenir n’est sure, j’ai l’impression que
tout était flou.
-Brumeux ?
-Non, vraiment comme une image flou, qui pourrait etre
plusieurs chose. J’ai pris une rue, mais pas moyen de discerner laquelle. Je
suis arrivé a une gare, j’ai pris un train, mais une fois encore, je ne sais
pas lequel. Et apres, je me souviens m’etre endormi dans le train. Voila la
pire journée de ma vie…
-Vous n’avez pas été bléssé ?
-J’ai avalé beaucoup de pousiere dans les tunnel, mais
non, je n’ai pas eu de grave probleme...
-Et les autres, vous n’avez croisé ou aidé personne dans
le metro, dans les tunnels…
-Je dois vraiment en parler…docteur…
-Ce serai vraiment bien, pour vous…
Je pris une grande inspiration, le yeux me piquait,
j’avais le ventre tordu en mille nœud.
-J’etait dans le dernier wagon de la rame, j’avais pris
mon changement de justesse. Et tout le monde autour de moi me pressit, de leur
regard, de l’ambiance. Tout presageait a un destin fun este, tout le monde
savait qu’il allait se passer quelquechose de grave. Et puis, le meeting avait
un peu stressé tout le monde, on avait tous vu les image de Vierzon ravagée. Et
tout a explosé.
-Oui, on ne sait toujours pas vraiment comment…
-Ce n’est pas important. Dans le tunnel, j’ai entendu une
explosion puis une autre. Et puis le tunnel a commencé a s’ecrouler. J’ai
entendu le tunnel s’effondre au devant de moi, et surtout la foule qui criait,
en crescendo, etouffé par les wagons. Et puis mon wagon a commen…Je tousse un
coup…A commencé a se compressé sous la masse de terre qui l’ecrasait, en se
rapprochant de moi a une vitesse folle. Je me dit, c’est la fin. Et tout
s’arrete. Puis un bruit.Je suis dans une cavité, l’extremité de la rame ne
s’est pas ecrasé sur moi. Je me leve tout doucement, et j’arrive a sortir en
forcant la porte. Et de la, je trouve un tunnel de sortie et je sort. Je laisse
derriere moi surement deux ou trois cent cadavre enterré vivant, peut meme
certain son encore vivant, la tete coincé entre deux pli de metal et le bide
perforé par quelque barre ou la veille, un enfant se tenait. Je tousse a
nouveau.
-Bravo…Je releve la tete étonné, sa voix était tres
chaude tout a coup.Vous avez reussi a tout raconter.
-Merci…On peut s’arreter la…
-Oui, c’est l’heure c’est vrai…
Note mécanographié d’apres les relevé neurochimmique du defunt Eric Courmerinne.